Toujours dans la ligne définie lors de la 4° édition, nous continuons notre quête des Terres nouvelles, non pour les conquérir, mais pour mieux les connaître et faire connaître leurs difficultés. Si nous avons pu mesurer la vitalité de la Culture Kanak, malgré les problèmes politiques, sociaux, économiques qui perdurent, nous allons en 2009 aller bien loin de chez nous, mais dans une Terre rattachée à la Métropole, où les peuples autochtones sont en péril. Nous parcourrons donc ce qu’il convient bien d’appeler l’une des dernières « colonies françaises ». C’est de la Guyane dont il s’agit. D’où le titre (provisoire) : « Terre de Guyane, Terre Amérindienne ».
Au 17e, les estimations parlent de 30000 amérindiens (1) dans cet espace. Les maladies, les déplacements, les rassemblements opérés par l’administration et les missionnaires amena la quasi disparition d’une dizaine d’ethnies : Aramakoto, Amariso, Karana, Wes, Taripi, Kusari, etc.(2)
Aujourd’hui, 6 ethnies vivent ou survivent dans ce Territoire. Certaines, comme les Émerillons ont été à la limite de l’extinction (Quelques dizaines de personnes à une époque récente). D’autres, comme les Wayapi, les Wayana, ont eux aussi failli disparaître. Le taux démographique est heureusement en hausse depuis quelques temps, mais leurs cultures est très menacée. Toute l’histoire de la colonisation montre qu’à travers l’évangélisation forcée, la francisation, l’instauration d’une administration rigide éloignée de la manière de se diriger de ces peuples, jusqu’à la volonté récente de leur imposer ce que nous appelons le « développement », toutes ces pratiques donc, comme partout ailleurs, ont eu comme résultat une grande détresse, une dépréciation culturelle, une perte de la volonté de survivre. Ceci dans le plus grand silence, sans grande indignation, comme si assister aux derniers soupirs des peuples ne procurait aucune émotion, même pas « la nostalgie du néolithique ».(3)
Ce territoire de Guyane est aussi peuplé de biens autres ethnies, celle des Noirs Marrons, anciens esclaves amenés d’Afrique et qui vivent le long du fleuve Maroni, des populations que l’on a fait venir d’Asie, des brésiliens orpailleurs, des métropolitains, pour ne parler que des plus nombreuses.
Ceci nous obligera à comprendre d’abord cette complexité du territoire, d’en comprendre aussi l’histoire depuis l’arrivée du colonisateur portugais ou français.
Une soirée peut être consacrée à cette dimension.
Puis, malgré la diversité ethnique amérindienne, on s’efforcera de comprendre ce qui caractérise la culture de ces ethnies. Ce peut être l’objet de la seconde soirée.
Il faudra aborder aussi la notion de langue. Les langues là bas sont en péril, comme le sont les cultures. On cherchera, grâce à la présence de linguistes, à se faire une idée de la richesse et de la diversité des langages et de la menace qui pèse sur elles.
Bien sur les classes des écoles de la ville vont travailler sur les langues (apprendre certains mots, lire et écouter des contes ), s’initier à certains aspects de ces cultures, comme une sorte de détournement du regard de l’ethnocentrisme et des préjugés qui l’accompagnent. Nous espérons qu’elles seront plus nombreuses à travailler sur ce thème. Comme l’année dernière, les élèves pourront faire découvrir leurs productions le premier soir, de 18h à 20h.
La difficulté principale rencontrée est de trouver des films. Il faudra sans doute passer par un groupe du Brésil pour avoir des documents pertinents.
Jacques Poncet-Montange
10 mai 2008
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1 - Nous éviterons d’utiliser le terme d’ « Indien », pour des raisons qui se comprennent aisément. En dehors de cette image que nous a donné le western et ses chefs d’oeuvre, on désigne ainsi des peuples et des cultures qui habitent des espaces aussi différents que l’Alaska ou la Terre de Feu. Cette façon de parler, même si elle est rapide et quelque fois sans malice, masque en fait la richesse, la diversité, l’originalité des pratiques culturelles du Nouveau (Vieux) Monde...
2 - NAVET Éric : « IKE MUN ANAM » ( Il était une fois... ). 1990, Supplément à NITTASSINAN.
On peut accéder à beaucoup d’autres sources sur ce problème d’un « ethnocide doux ».
3 - C’est ainsi que C LEVI STRAUSS parle de ce regard de l’ethnologue sur les peuples auprès de qui il travaille. Cf par exemple les belles pages de « Tristes Tropiques » consacrées aux Bororos et aux Nambikwara.