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GUADELOUPE
Mouvement social ou révolution politique ?
Gwadloupéyen doubout kont pwofitasyion !
 
Alors que la Guadeloupe est bloquée depuis le 20 décembre par une grève générale illimitée et très soutenue par la population de l’île, nous publions ci-dessous un texte de Lydia Barfleur-Lancrerot (Montray Kreyol)

Ce mouvement pour le pouvoir d’achat et contre "la vie chère" est porté par un collectif très large, Lyannaj Kont Pwofitasyon, qui regroupe des syndicats classiques (FO, CFDT, CFTC, SUD PTT), des syndicats indépendants et anticoloniaux (CGTG, UGTG, CTU), des partis politiques (Les Verts, le Parti Communiste Guadeloupéen, Combat Ouvrier) ainsi que des mouvements culturels très populaires (Kamodjaka, Voukoum, Akiyo). Sans attendre la grève du 29 janvier en France, ces organisations, indépendantes d’éventuelles directions à 8000km ont donc entamé ce mouvement, à l’issue incertaine pour le moment, mais que beaucoup qualifient déjà d’historique.

Des barrages ont fleuri un peu partout, pour beaucoup assez vite dégagés par les blindés de la gendarmerie. Le mouvement, en plus des piquets de grèves et des barrages a pris la forme de grands défilés rassemblant parfois plus de 50.000 personnes à Pointe-à-Pître, comme lors du défilé du 30 janvier.

MOUVEMENT SOCIAL OU RÉVOLUTION POLITIQUE ?

Par Lydia BARFLEUR-LANCREROT

En ces jours que nous vivons, chacun a le profond sentiment qu’une page de notre histoire est en train d’être écrite, et qu’elle marque l’évolution de la construction du peuple guadeloupéen, du pays Guadeloupe. Au-delà du mouvement social qui traduit clairement la manifestation d’un malaise social, c’est une révolution politique qui s’est mise en marche.

Une révolution consiste à opérer un changement, un bouleversement important et brusque dans la vie d’une nation. Il n’est pas pour autant nécessaire que la violence accompagne cette révolution, ce qui importe avant tout c’est l’ampleur de l’expression d’une volonté de changement.

Il apparaît clairement que le peuple guadeloupéen revendicatif (manifestants) et silencieux appelle de ses vœux ce changement.

C’est en ce sens qu’une révolution politique en Guadeloupe est en marche.

Car l’expression de ce mouvement populaire reflète un peuple mûr, qui réfléchit sur lui-même, sa réalité et son environnement. Le stigmatiser dans un portrait négatif n’est pas faire œuvre de construction, mais pire, c’est méconnaître sa réalité. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas assisté en Guadeloupe à un élan aussi frais, aussi vrai, empreint d’une conscience qui est porteuse d’avancées sociétales et non pas du contraire.

Sans refuser de faire face à notre réalité, notre comportement hyper consumériste, notre rapport au travail, à l’ordre établi, il ne faut pas pour autant ignorer les changements subreptices que l’on observe en Guadeloupe. Le texte d’Ernest Pépin a généré beaucoup d’émois et à raison, car ce n’est pas un texte positif qui appelle à la construction. Il met en exergue des travers que l’on ne nie pas mais il ne souligne pas nos possibilités, capacités, réalisations. Car dans le fond la demande populaire n’est pas simplement sur le maintien d’avantages acquis mais sur de l’innovation, du changement, une volonté de faire le pays Guadeloupe. En d’autres termes, c’est la conscience populaire qui parle et elle est génératrice de révolution.

Au-delà du catalogue de lieux communs émis comme une preuve d’un désamour porté à son peuple, je retiendrais un point sur lequel il convient selon moi de s’arrêter. Monsieur Pépin fait état « d’une société qui a mis en faillite les intellectuels de tous bords ». Non, Monsieur Pépin, en aucun cas, dans quelconque société qu’il soit (en dehors des régimes totalitaires, captifs de la liberté d’expression), une société ne met en faillite les intellectuels. Il revient aux intellectuels en toute responsabilité de répondre, de penser, de dénoncer les incohérences de la société dans laquelle ils vivent. Car nul ne peut être vidé sans son consentement de sa propre pensée. On ne saurait évoquer une éventuelle capture de la réflexion des intellectuels sans souligner leur assentiment, plein et entier. Où en est la Guadeloupe actuellement ? La Guadeloupe, consciente des incohérences de son système est en mouvement et elle le dit.

Au-delà du cahier de revendications qui apparaît pour beaucoup relever d’une forme de surréalisme (et qui rappelle cette fameuse citation de Che Guevara : soyez réaliste : demandez l’impossible !!!) ; c’est avant tout la volonté d’un peuple d’opérer un changement de sa société qui trouve dans cette révolution son expression pleine et entière. La Guadeloupe veut avancer et elle demande à toute s ses ressources de se questionner y compris les intellectuels. Elle demande à ses ressources de se rencontrer, d’exprimer ensemble ce qu’elle est au fond, une terre riche, noble, debout qui veut réussir. Que l’ensemble des guadeloupéens, ouvriers, producteurs, commerçants, fonctionnaires, artisans, artistes, jeunes actifs, étudiants, chômeurs, retraités, intellectuels, libre-penseurs, politiques, etc.) se retrouvent pour bâtir ensemble un pays Guadeloupe. Et en la matière, il convient de respecter la Guadeloupe, car elle fait preuve de maturité, de profondeur et de grandeur d’âme.

Les demandes sociales, démocratiques, identitaires, culturelles et politiques que nous exprimons ces jours nous rappellent à notre propre responsabilité. Mais elles sont également inédites quant à leur formulation et nous sommes questionnés singulièrement sur la méthode. Pouvions-nous penser que tout partirait de là ? La méthode ou comment échanger entre nous, regarder notre pays avec fierté, le construire ensemble !!!

La Guadeloupe donne une image de société empreinte de démocratie (le moins mauvais des régimes politiques) et demande à évoluer dans la dignité et le respect de soi-même.

C’est ce NOUS qui est porteur d’un véritable moteur du changement. C’est sur ce NOUS que nous devons appréhender l’évolution qui se profile. Il convient d’espérer que l’ensemble des acteurs soit imprégné de ce sentiment.

Bel fos pou Gwadloup…

Nous vous invitions à prendre connaissance de l’actualité de l’ile :

A l’heure ou les médias traditionnels français semblent vouloir minimiser (quand ils ne le pase pas tout simplement sous silence) le mouvement social guadeloupéen, vous pouvez trouver de l’information sur les sites suivant :

Le Mika Déchainé

Medialternative.fr qui tient une rubrique "Infos Locales" sur la Guadeloupe.

- Grève générale en Guadeloupe depuis dix jours : silence radio…

- Appel à la mobilisation le vendredi 30 janvier

- Que voulons-nous, Guadeloupéens ? par Jacky Dahomay

- La manifestation du 24 janvier à Pointe-à-Pitre (des photos)



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