Après l’assassinat du Président irakien Saddam Hussein, au moment de la fête musulmane de l’aïd, le 30 décembre dernier, par la coalition pro-américaine au pouvoir en Irak, le monde arabe est plus que jamais dans la tourmente.
Au moment où l’actuelle secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice vient en visite quasi touristique dans la région, les autorités israéliennes lancent un Appel d’offre pour la construction de nouveaux logements dans la colonie juive de Maalé Adoumim en Cisjordanie occupée.
Cette nouvelle colonisation est stratégique et nullement périphérique. Le responsable palestinien du département de cartographie à la « Maison de l’Orient » à Jérusalem-Est, Khalil Al-Tafakji, soulignait ceci que :
« Le bloc de Maalé Adoumim — tel qu’il a été conçu — est censé séparer le nord de la Cisjordanie — Ramallah, Jénine et Naplouse — de son sud — Hébron, Bethléem et Beit Jala. Israël a relié Maalé Adoumim à Jérusalem-ouest par des tunnels construits en dessous de la montagne Al-Macharef.
Actuellement, un tunnel est en cours de percement en Israël, sous le Mont des oliviers, pour servir cet objectif. Sans parler du mur raciste de séparation construit en Cisjordanie. L’objectif étant de regrouper toutes les concentrations démographiques arabes à Jérusalem derrière le mur et, par conséquent, s’assurer que les Palestiniens ne deviennent une majorité dans la Ville sainte. » (Al Ahram Hebdo, 18/8/2004)
En France, en janvier 2004, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, plantait un arbre dans la forêt du KKL à Maalé Adoumim. Le KKL est l’un des organes de la dépossession coloniale de la terre Arabe palestinienne….
Mais ces événements politiques ne sont pas intelligibles si on occulte les enjeux idéologiques, culturels, symboliques, scientifiques. Historiquement, c’est dans le cadre des idéologies de orientalisme que ces appétits de pouvoirs, cette volonté de puissance de l’impérialisme et du colonialisme occidental s’exprime.
Ce fut la grande œuvre de l’écrivain palestinien Edward Saïd, auteur du magistral L’orientalisme.
L’Orient crée par l’Occident, que d’avoir mis en lumière cette dimension. Edward Saïd a été la bête noire des tenants et des partisans du clash des civilisations et Zev Chafets, un journaliste israélo-américain, et ancien cadre de l’administration de Bégin, pouvait écrire ces lignes :
« Saïd n’a pas fait sauter des Marines au Liban, en 1983, ni allumé la mèche de l’Intifada ou envoyé des missionnaires wahhabites prêcher la violence contre les Infidèles. Il n’a certainement pas précipité d’avion de ligne sur le World Trade Center. Non.
Il s’est contenté de brouiller le radar intellectuel de l’Amérique. Il n’était pas l’architecte des attentats du 11 septembre, mais il fut le père de l’incapacité à les comprendre du 12 septembre. » (The New York Daily News, 1er octobre 2003)
L’Association Ishtar et le Mouvement des indigènes de la république vous convient à la projection du film Sous le joug de l’Occident (Film historique d’Edward Saïd 52 mn).
Issu d’une série sur « L’histoire vivante des Arabes » réalisé en 1982, cet épisode écrit par Edward Saïd remet le conflit israélo-palestinien au cœur du projet impérialiste de l’Occident sur l’Orient.
De manière non chronologique mais thématique, le film remonte l’histoire des relations entre l’Orient et l’Occident depuis les croisés jusqu’à l’invasion du Liban en passant par Napoléon, Lawrence d’Arabie, la première guerre mondiale, la guerre de 48, les camps du Liban Sud, la question du retour des réfugiés, le rôle des USA, la guerre de 67, les juifs arabes ...
Edward Saïd dévoile déjà ici ses thèses sur l’orientalisme.
La projection sera suivie d’une conférence-débat, animée, notamment, par Youssef Boussoumah (professeur d’histoire) et Mohammed Taleb (Philosophe)