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Sc. Humaines
Etudes post-coloniales Qu’est-ce que le post-colonialisme ? Postcolonial Studies
Le postcolonialisme est un courant de pensée dont les principaux fondements se situent dans l’œuvre d’Edward Saïd, L’Orientalisme paru en 1978.
Les études postcoloniales ont ainsi émergé dans les années 1980, au moment où " (...) la grande ère du nationalisme anticolonial touchait à sa fin, et [où] le communautarisme ethnique violent commençait à prendre des dimensions mondiales" [1]
"Dans son acception la plus large, l’étude du "postcolonialisme" peut être considérée comme impliquant la plupart des humanités et des sciences sociales, depuis l’anthropologie et la science politique jusqu’à la philosophie, la musicologie, l’économie et la géographie [2]."
« La critique postcoloniale témoigne des forces inégales et inégalitaires de représentation culturelle qui sont à l’œuvre dans la contestation de l’autorité politique et sociale au sein de l’ordre mondial moderne. Les perspectives postcoloniales naissent du témoignage colonial des pays du Tiers-Monde et des discours des « minorités » dans le cadre des divisions entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud.
Elles interviennent dans les discours idéologiques de la modernité qui tentent de conférer une « normalité » hégémonique au développement inégal et à l’histoire différenciée, et souvent déséquilibrée, des nations, des races, des communautés et des peuples. Elles formulent leurs révisions critiques autour des questions de la différence culturelle, de l’autorité sociale et de la discrimination politique, afin de révéler les moments antagonistes et ambivalents de l’entreprise de « rationalisation » de la modernité.
Pour faire pencher Jürgen Habermas dans le sens de notre propos, nous pourrions également dire que le projet postcolonial, au niveau théorique plus général, cherche à explorer les pathologies sociales (« la perte de sens, les conditions d’anomie ») qui ne se « rassemblent » plus simplement aujourd’hui « autour d’antagonismes de classe, [mais] se brisent et s’éparpillent en d’innombrables contingences historiques ».
Homi K. Bhabba, The location of culture, Routledge, 1994, p. 171 [3].
La pensée postcoloniale :
La théorie postcoloniale s’est en fait principalement fondée autour du développement des théories du discours colonial. Ces dernières s’attaquent aux modes de perception et aux représentations dont les colonisés ont été l’objet. Frantz Fanon et Edward Saïd sont deux des principales figures qui ont mis à jour les mécanismes du discours colonial. On peut y ajouter Albert Memmi.
Les œuvres qualifiées de postcoloniales s’intéressent souvent au problème d’identité. Le colonialisme a instauré dans les pays colonisés un système de valeurs (voire notamment le Code Noir et le Code de l’Indigénat) fondé sur des idées européennes . Dans ce système de pensée était représentée la soi-disant superiorité du monde occidental.
Le colonialisme est alors à la base d’un système de domination économique, mais aussi une forme de violence symbolique qui, comme le note Franz Fanon, conduit les colonisés à accepter la supériorité culturelle des colonisateurs et à intérioriser un système de pensé et des analyses européocentrées.
Après l’indépendence, les populations des pays libérés ont dû abandonner ce système de valeurs par lequel ils s’étaient toujours définis comme étant inférieurs. C’est pourquoi, afin de réaffirmer leurs origines et devant l’immense tâche de se reforger une identité ils ont souvent eu recours à des idées nationalistes. Cette étape est visible dans la littérature de ces pays.
L’analyse postcoloniale peut alors être décrite comme le moyen de contourner le système de pensée hérité du colonialisme ainsi que les deux doxèmes majeurs du racialisme :
Le « différentialisme » : l’idée de l’irréductibilité et de l’incompatibilité de certaines spécificités culturelles, nationales, religieuses, ethniques ou autres. La culture de l’Autre est essentialisée, naturalisée, tout comme le sont les différences culturelles.
L’« évolutionnisme civilisationnel ou culturel » : certains groupes humains sont décrits comme supérieurs aux autres. La comparaison entre ces différents groupes s’établit en fonction de leur niveau de « développement » et plus particulièrement de leur niveau de production industriel.
pour produire une analyse reposant sur une base
« plus complexe que la communauté ; plus symbolique que la société ; plus chargée de connotations que le pays ; moins patriotique que la patrie ; plus rhétorique que la raison d’État ; plus mythologique que l’idéologie ; moins centrée que le citoyen ; plus collective que le sujet ; plus psychique que la civilité ; plus hybride dans l’articulation des différences et des identifications culturelles que ne peut le représenter une quelconque structuration hiérarchique ou binaire de l’antagonisme social. » [4]
Au passage du colonialisme aux indépendences est venu s’ajouter le problème des migrations engendrées par l’histoire de la colonisation et la répartition inégale des richesses qu’elle a induit à travers le monde.
Ce que l’Afrique en tant que notion met en crise, c’est la façon dont la théorie sociale a, jusqu’à présent, pensé le problème du basculement des mondes, de leurs oscillations et de leurs tremblements, de leurs retournements et de leurs déguisements. C’est aussi la façon dont cette théorie a échoué à rendre compte du temps vécu dans sa multiplicité et ses simultanéités, sa volatilité, sa présence et ses latences, au-delà des catégories paresseuses du permanent et du changeant qu’affectionnent tant d’historiens.
la réorganisation postmoderne de la colonisation dans le capitalisme postfordist, Le Chapitre manquant d’Empire
Par Santiago Castro-Gómez sur le site www.propaglande.org
ll manque à Empire une analyse du passage du colonial au postcolonial.
À en croire Hardt et Negri, l’hégémonie du travail immatériel renverrait au passé les dichotomies centres/périphéries et les formes de domination coloniale. La faille se trouve dans leur généalogie de la modernité : en ne prêtant attention qu’à l’Europe, en ignorant le système-monde, ils manquent le « côté obscur » de l’Empire, sa face coloniale et aujourd’hui postcoloniale.
On assiste pourtant à une réorganisation de la colonialité, assise sur de nouvelles représentations du développement (le développement durable), qui renforce les hiérarchies entre la connaissance légitime des uns et la non-connaissance des autres. (...)